Paix et guerre entre les nations
Raymond AronCette théorie philosophique peut aussi être interprétée comme un schéma idéal-typique. Les guerres purement interétatiques servent à la fois de modèle sociologique et peut-être d'idéal, tant que l'état de nature n'aura pas été surmonté et n'aura pas laissé la place à l'état de paix (ou à l'état civil entre les États).
Le recours aux fictions juridiques ou philosophiques condamne-t-il le livre à l'anachronisme ? Ce livre regarde-t-il le passé ? Reprend-il une représentation étroite et vieillie du monde international ? D'aucuns m'ont reproché de retenir le sens traditionnel de la guerre, celui qui reflète plus ou moins la pratique du concert européen. Je crois la critique injuste. Bien sûr, j'aurais pu écrire un autre livre, mais je donnai à celui-ci le titre Paix et guerre entre les nations (je pensais entre les États). J'entendais par guerre ce que l'on a toujours entendu sous ce nom, le choc armé entre les États, ou encore l'épreuve de force entre les troupes plus ou moins organisées des États. Ni les assassinats, ni le terrorisme, ni la compétition économique ne constituent une guer