Winston Churchill
Denis LépéeSa célébrité persistante est portée également par la complexité du personnage, ses apparentes contradictions et sa déroutante originalité.
L’originalité est celle d’un fantasque soucieux de son confort, de ses costumes et de ses cigares, réussissant, sans jamais abdiquer son art de vivre et son humour, à porter à bout de bras l’effort de guerre harassant d’une nation épuisée.
Les contradictions sont celles d’un aristocrate incarnant le peuple, d’un homme du passé décidant d’être un réformateur, d’un guerrier téméraire à la santé fragile, d’un meneur d’hommes volontaire en proie à l’inquiétude, d’un idéaliste au pragmatisme redoutable, d’un Anglais victorien devenu symbole universel…
On pourrait multiplier les fausses pistes de ce labyrinthe dans lequel s’engage celui qui s’attache aux pas du Vieux Lion. Elles dessinent un théâtre d’ombres, dont Churchill a lui-même largement orchestré la complexité.
Pour en saisir une image exacte, il faut accepter l’idée que le destin de Churchill, par-delà les aléas, les revers, les hasards, est avant tout l’œuvre de son extraordinaire orgueil. Un orgueil qui refuse l’ordre bâti pour les autres et exige de lui qu’il contraigne ses faiblesses pour se montrer digne du destin qu’il se prête.
Ces « histoires » ne prétendent pas rendre compte de toutes les facettes de cette personnalité kaléidoscopique ni de l’ampleur de son activité débordante. Leur choix est celui d’un portrait impressionniste. Il passe à ce titre sous silence quantité de mots, de personnes et d’instants.